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OUVERTES À

LETTRES

« Touche pas au grisbi, Pénélope ! »

Lettre ouverte à Penelope Fillon

 

 

 

Damien Saurel me dit qu’« Hypallage ne fait pas de politique » ; ce à quoi je lui rétorque : « Les politiques alors n’ont pas à mettre leurs sales pattes sur la littérature ! »

 

Que Madame Fillon soit femme de présidentiable, passe, mais qu’elle ne s’occupe pas de noircir l’image de La Revue des deux mondes de ses petites recensions minables.

 

Oui, il doit y avoir séparation des pouvoirs, et ce sont bien deux mondes distincts qui sont à préserver dans leurs attributions respectives entre le champ littéraire et le champ politique. On ne peut être des deux sans collusion d’intérêts idéologiques ou financiers…

 

Encore une fois, pour l’exemple, probant, Hypallage réaffirme son unique allégeance à la littérature, quand d’autres se prostituent à toutes les eaux corrompues des services à rendre aux services rendus. Il n’est pas un nègre, Crépu, mais un faux jeton. Ainsi Crépu fut-il le prête-nom du très influent et discret Ladreit de Lacharrière, lui-même aux ordres du club Le Siècle et des Bilderberg, auxquels il appartient corps et âme. Rejouons maintenant la scène lorsque le patron de la revue, Ladreit de Lacharrière, appela Michel Crépu alors son directeur littéraire (je décline son titre avec des grincements de dents tant l’adjectif « littéraire » semble ici salopé) : « Penelope Fillon s’ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ? » (cité in Le Monde du 27/01/2017). Et Crépu d’accepter d’accueillir Penelope : un petit coup de fil au directeur de la revue, et, hop, voilà l’emploi fixé ! Que Penelope ait ensuite fait tapisserie ne saurait m’étonner, car je connais mes classiques, qu’elle se soit ennuyée en attendant son Ulysse de mari perdu du côté de Thèbes auprès de quelque Bataillon sacré, ne me concerne pas non plus, mais qu’elle ait eu droit à la parole, éminente, en matière de littérature parce qu’elle est femme de ministre, et de ce seul fait, sans aucun goût particulier pour les Lettres ni esprit critique confirmé, ce que nous prouvent jusqu’à l’indigence ses deux maigres recensions parues au sein de l’élitiste revue, m’indigne, me révolte, me révulse.

 

Quant à l’aspect financier, délictueux ou non, de l’affaire, je laisse à d’autres le soin de trancher ; je garde mon katana de côté et m’en remets, en tant que citoyenne, au glaive de la justice pour lui solder son compte.

 

Je ne vous dis pas si je vote ou non Fillon ; je puis vous dire, cependant, que je suis curieuse de vous lire, Madame Fillon, au sujet de vos lectures…

 

Si Madame daigne, au-delà des querelles politiciennes, me répondre sur ses inclinations et goûts en matière de littérature, les colonnes d’Hypallage lui sont ouvertes (à titre gracieux et bénévole, bien entendu). Faites ici la preuve de l’étendue de vos compétences et de votre expertise en la matière. Je n’ai pas osé écrire « de votre passion pour la littérature »…

 

Alexandra Lampol-Tissot

 

PS : j’ai jeté un œil au dernier numéro de La Revue des deux mondes de février-mars 2017, qui fait sa Une, tient donc, sur François Fillon : à point nommé pour relancer les ventes ! Du bon marketing à la Charlie Hebdo, il faut le reconnaître. Je parcours le sommaire… mais aucune contribution de Madame pour nous éclairer sur le parcours de Monsieur : un comble lorsque l’on sait que Penelope a ses entrées dans les deux mondes… elle eût pu jouer ici le rôle de l’idéale passerelle… Bon, de guerre lasse, je reluque le reste : ah ! tiens, voici l’aimable Richard Millet, qui nous parle du fasciste Drieu La Rochelle venant se recueillir devant le vieux pape maçon Clémenceau, cloué au lit à 82 ans dans sa maison de Loire-Atlantique… Un adoubement fatal pour le coup ! De l’info politico-littéraire de première main, ça aussi, non ? Et puis deux articles de Robert Kopp… Tiens, tiens, je le connais celui-là aussi, non ? Mais si, bien sûr, c’est le président du jury du Prix André Gide, qui a récompensé pour inaugurer son pré carré… allez, je vous le donne en mille : Richard Millet ! Curieux : ils écrivent dans la même revue, dites donc ? Je referme le monument culturel qui tremble entre mes mains…

 

Re-PS : À la relecture de l’une de vos deux recensions, je me demande ce que vient faire Aleister Crowley dans votre carrière ? Penelope, êtes-vous une Femme écarlate ?

 

© Hypallage Editions – 2017

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