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OUVERTES À

LETTRES

 Cyberpunk is not dead !

Lettre à cœur ouvert à Maurice G. Dantec

 

 

 

Toi, mon camarade de guérilla,

 

Sache que tu n’as jamais été seul !

 

Je tourne mon arme, pointe vers le sol, et je plante un genou en terre devant le corps meurtri de Toorop, vétéran de la 108e Brigade bosniaque, qu’une meute de chiens serviles, avec le courage du nombre et l’audace du lynchage, a blessé grièvement, le laissant pour mort dans le champ littéraire de son roman inachevé.

 

Tiens bon, Toorop ! Ne lâche rien, Maurice ! Ta petite sœur dans le Christ est là, à tes côtés, prête à donner son sang – elle est donneuse universelle –, à ton corps qui répand le sien.

 

Ils t’ont touché à mort… mais pour quel gain ? Avec tes manuels traduits de Sun Tzu, ton « labo » de catastrophe générale, tes journaux de combat, nous avons bien été briffés sur les suites du jeu de dés pipés de la politique internationale. Qu’à cela ne tienne, je ne lâcherai rien, moi non plus.

 

Sens-toi l’âme en paix tandis que ton corps reprend vigueur. Oublie un peu la lutte, je t’en prie : pense aux tiens, à toi... Tu as déjà beaucoup, beaucoup trop donné. À d’autres d’assurer la relève.

 

La Villa vortex ne nous engloutira pas. Forts de ton exemple et de ton expérience, nous sommes parés pour affronter ces guerres silencieuses qui taisent leur vrai nom, qui frappent par d’invisibles armes cachées au cœur de nos besoins vitaux. Nous avons pris grand soin, suivant tes précieux enseignements, de nous constituer une « bibliothèque de combat », de nous fragmenter en autant de blogs dévastateurs, de nous armer de cantiques nouveaux et, pour ma propre gouverne, de me munir d’un sabre de la meilleure trempe de l’ère Tokugawa !

 

Avec, je trancherai autant de têtes immondes qu’il en poussera à l’Herne, à l’Harmattan, chez Hachette, chez Flammarion, chez Gallimard, etc. Je détiens déjà les scalps de quelques têtes de gondole ridicules que le procédé réducteur des Jivaros eut ramenées à la taille du petit pois. Mais en attendant le jugement sain des Amazoniens ou des Papous, je me suis attelée à la tâche d’équarrir ce bétail despotique et d’affranchir le lectorat des maîtres de l’hypnose.

 

Je ne sais même pas où te joindre ? Je lance cette lettre dans le cyberespace afin qu’elle te guérisse au hasard de sa lecture virtuelle de ta solitude guerrière. Nous sommes ! Or si tu fus le premier, la Racine du « mal », tes rhizomes progressent désormais dans l’autonomie féroce de tes déchirements furieux. Puisses-tu vivre pour entrevoir l’engeance prolifique qui te proclame géniteur littéral. Cyberpère, voici venu le temps de l’unique et juste révolte humaine face aux levées en masse aux ordres des antéchrists reliftés.

 

Tu es l’estran qui porta des mers indomptées jusqu’à nous le flot de l’insoumission : à ton contact je devins « l’étale »…

 

Dans l’attente de te revoir sur le terrain des opérations (non chirurgicales), que nos grains de rosaire croisés soient autant de balles de 12,7 !

 

Je tiens à toi, Lansquenet du Christ pantocrator !

 

A.L-T, de la 5e colonne d’assaut verbal d’Hypallage Ed.

 

 

© Hypallage Editions – 2015

 

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