BARRAYA Florian

Je_

Rien de plus ennuyeux que parler de JE en prose quand tout ce que vous avez écrit le fait bien mieux en vers. C’est pourquoi il vaut mieux écrire sur JE en vers (quitte à introduire le poème par de la prose).

 

Lecteur, Lectrice : à vous ces alexandrins roides

D’un auteur né à Nice en soixante-dix-huit

Au siècle dit vingtième, un siècle qui fit « pfuit »

En en ayant soufflé des chaudes et des froides.

 

Cet auteur fut au rang des scolaires escouades

Comme un petit soldat au milieu de la nuit

Puis, adulte, au travail, il ne fit pas grand bruit

De dimanches pluvieux en franches rigolades.

 

Mais il cache, en faisant sur soi-même un sonnet,

Le système solaire en-dessous son bonnet :

En modèle réduit pour sentir moins la frime.

 

Ce que JE fais ou veux n’est rien qu’artificieux,

Heureux ou malheureux, écrire est délicieux,

Lisez donc à plaisir, les cieux sont à la rime.

 

 

Écrire_

Tout au long de mon enfance, j’ai accumulé des feuilles de papier à lettres sur lesquelles je dessinais. J’essayais d’imiter le style de mes bandes dessinées préférées sans y parvenir : au début ça ne me dérangeait pas mais, à mesure que je grandissais, il était de plus en plus manifeste que je dessinais mal. Je passai donc à l’écriture.

D’abord j’ai tenu un journal. C’était insatisfaisant, trop vague, mais je persistais, trop jeune pour essayer une autre voie. Le temps passait.

Un pas fut franchi quand je composai mentalement un premier poème, très court et facilement mémorisable, quoique loin d’être mémorable. Pour progresser, j’écrivais en me servant du système traditionnel des mètres et des rimes (avec quelques ajustements, c’est le système que je pratique encore à ce jour). Pendant des années, j’ai beaucoup écrit avec facilité et sans beauté. Le temps passait.

Aujourd’hui j’ai peu de temps pour écrire mais, ce peu n’en finissant pas de passer, même occupé à tout autre chose, je me prépare constamment à écrire le prochain poème. La prose ne me sert que pour les textes tels que celui que vous avez sous les yeux.

On est bien obligé de constater que l’on reste poète même quand on n’écrit pas de poésie : la moindre circonstance nourrit le poème à venir tout autant qu’elle prépare l’amélioration à apporter au poème déjà écrit qui, pourtant, n’est pas définitif.

Il arrive un moment dans la vie où il n’est plus nécessaire d’écrire : cela s’appelle la sagesse. Certains poètes (dont j’aimerais bien être) progressent sur cette voie et leurs œuvres forment autant de parcours vers la sagesse. En ce qui me concerne, la route est encore longue.

 

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